Contexte et problématique initiale
Le sujet de l’isolement social en France n’est pas nouveau, notamment pour les personnes âgées en maisons de retraite ou en EHPAD. La crise sanitaire du Covid 19 a renforcé cet isolement auprès des plus anciens avec les contraintes sanitaires imposées.
À l’heure où cette crise sanitaire se prolonge, le nombre de personnes isolées ne diminue pas et le besoin de créer du lien entre les générations est toujours plus fort ? Voilà pourquoi, nous avons souhaité établir un partenariat avec l’association 1 LETTRE 1 SOURIRE afin de proposer une problématique humaine, et pleine de sens.
1 LETTRE 1 SOURIRE est une jeune association créée par 10 cousins âgés de 14 à 24 ans au début du confinement, le 17 mars 2020. Son but est de recevoir des lettres bienveillantes et de les distribuer à des personnes âgées isolées en EHPAD ou à domicile via un site internet :
Depuis mars 2020, 750 000 lettres ont déjà été envoyées aux 1 400 EHPAD partenaires principalement en France, Belgique, Luxembourg, Suisse et Québec, et désormais en langue anglaise au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis. Cela veut dire que chaque jour, 3 500 sourires sont créés avec toutes ces lettres. Ces lettres personnelles et pleines d’amour sont écrites majoritairement par des jeunes entre 15 et 30 ans du monde entier.
L’engouement des lettres montre que les personnes ont à cœur de lutter contre l’isolement social et de diffuser de l’amour auprès des anciennes générations. Pour autant, 2 constats ressortent aujourd’hui :
- Le système de lettre ne permet pas de nouer une relation à long terme avec les personnes âgées et isolées.
- L’engagement que demande la rédaction d’une lettre n’est pas naturel pour tout le monde. Certaines personnes se mettent encore beaucoup de barrières à écrire et souhaiteraient d’autres alternatives pour agir contre l’isolement.
1 LETTRE 1 SOURIRE a commencé ses actions au début de la pandémie, maintenant il est tant de réfléchir à ce que pourrait devenir cette thématique : nouer un lien privilégié et de long terme entre des adultes isolés et des jeunes.
LA PROBLÉMATIQUE INITIALE : COMMENT RECONNECTER, SUR LE LONG TERME, LES JEUNES AUX PERSONNES ISOLÉES ?
Comment ont-ils travaillé ?
Pour proposer les solutions les plus adaptées à la problématique et aux besoins des utilisateurs, les participants du e-Bootcamp ont mis en application la méthode du Design Thinking. Centrée sur l’utilisateur final, cette méthodologie (et état d’esprit) s’articule autour de 5 étapes :
- L’empathie : se mettre à la place de la personne concernée pour comprendre ses besoins
- La définition : formuler le vrai problème de l’utilisateur
- L’idéation : trouver une multitude de solutions et retenir la meilleure pour la problématique
- Le prototype : créer la solution concrètement pour pouvoir la faire tester
- Le test : aller sur le terrain pour tester et améliorer la solution
Première étape : la recherche terrain
La première étape du Design Thinking est l’empathie. C’est une étape indispensable et l’étape sans laquelle il serait impossible de mener à bien un projet de Design Thinking. La recherche terrain a été menée avec l’envie de découvrir le point de vue, les problèmes et besoins liés au sujet. L’objectif était de brasser le plus largement possible afin d’identifier un nœud pertinent qui pourrait constituer une potentielle future problématique. Cette équipe a ainsi pris le parti de s’intéresser à la situation sociale et logistique durant le confinement en France.
L’isolement est un sujet bien vaste. Elle nous concerne tous ! Ainsi, nos apprenants ont eu l’embarras du choix et ont dû prioriser les profils qu’ils souhaitaient rencontrer. Voici les grandes catégories de personnes qui ont pu être interviewés par nos équipes apprenantes :
- Professionnels de santé (EHPAD et service de gériatrie)
- Séniors (EHPAD + personnes isolées)
- Enseignants
- Enfants
- Seniors a domicile
- Directeurs d’établissement EHPAD et Prison
- Associations
- Étudiant vivant en colocation
- Étudiant à l’étranger
- Étudiants vivant seuls
- Jeunes adultes “gamers”
- Jeunes adultes “métiers manuels”
- Les jeunes (collégiens, lycéens, étudiants, étrangers, jeunes actifs)
- Parents d’élèves
- Science sociales (sociologues, chercheurs)
- insertion professionnelle (foyers, centres d’orientation, missions locales)
- Rédacteurs / Expéditeurs “potentiels”
- Agents de liaison
C’est plus de 75 personnes qui ont été interrogées et rencontrées au total durant les 2 premières semaines de la formation.
Les retours des usagers
Les principaux insights récoltés
- Besoin de découvrir le monde (langues, culture, traditions, spiritualités) et de nouvelles personnes
- Aimer se sentir utile et important en parrainant un jeune sur la durée – Besoins d’accomplissement de soi
- Besoin de rire, de bonne humeur, de gaité, (le sourire est un traitement )
- Besoin d’un contact pour être rassuré, plus angoissé, ou juste avoir un échange amical, un soutien moral surtout la nuit où je suis le plus angoissé – Besoins de sécurité
- Transmission des anciens aux plus jeunes = les 2 gagnent – Besoin d’accomplissement de soi
Deuxième étape : mise à plat et problématisation
Comment pourrait-on outiller Erica dans le but de pérenniser la relation entre l’EHPAD et son école ?
Après une phase approfondie de recherche terrain, l’équipe s’est concentrée sur les besoins des enseignants impliqués dans le processus d’échange de lettres entre leurs classes et un Ehpad partenaire. Le persona choisi fût celui d’Erica, une enseignante en primaire.
Par rapport à la demande d’1 lettre 1 sourire, aux frictions relevées durant les interviews, la problématique d’ERICA semblait relever un problème majeur : comment garder un lien long terme, et redonner de la valeur à l’échange épistolaire.
Depuis le début de la crise sanitaire, les enseignants ont redoublé d’efforts pour adapter les programmes, se servir de nouveaux outils pédagogiques et intégrer de nouvelles problématiques sociales dans leurs classes. Plusieurs enseignants ont alors joué le jeu des envois de lettre aux Ehpad par le biais de l’association 1 lettre 1 sourire. Lorsque nos participants se sont intéressés aux retours de ces derniers sur cette expérience, l’élément le plus bloquant pour Erica fût la difficulté à conserver un lien long terme avec l’Ehpad. Les participants ont également soulevé la difficulté de donner envie aux enfants de continuer d’envoyer des lettres, sans que ces derniers ne puissent recevoir de réponse, ou ressentir l’impact de leurs missives. Selon elle, ce projet est très intéressant et à un puissant potentiel à la fois humain et pédagogique, mais il manque certaines étapes pour que les classes puissent établir un lien pérenne avec les Ehpad.
Troisième étape : l’idéation, imaginer la solution
Pour répondre à ce besoin, La box des sourires est la solution imaginée par notre équipe !
Il s’agit d’une Box thématique à séquencer dans le temps, mise à disposition par 1 lettre 1 sourire dans le but de créer un lien pérenne entre 1 Ehpad et 1 classe. Ainsi, l’objectif de cette solution est de faciliter, dans la durée, les échanges entre les résidents d’un EHPAD et les élèves d’une école.
La box peut être à thèmes (environnement, bricolage, photographie….) sous format numérique et/ou papier permettant à l’enseignante de partager des moments de vie en classe des élèves avec les séniors des Ehpad grâce à la gazette des sourires
Ce service regroupe plusieurs fonctionnalités pour faciliter le lien intergénérationnel :
- Guide d’utilisation
- Calendrier à thème
- Présentation de l’EHPAD/ Classe
- Présentation de l’Association (les cousins)
- Photos
- Témoignages
- Lien pour la Gazette Online + Vidéos
Quatrième et cinquième étapes : prototyper et retourner sur le terrain
L’équipe a prototypé cette solution durant la formation et a réalisé des tests utilisateurs auprès d’un public cible. Les retours utilisateurs récoltés sur le terrain ont permis à l’équipe d’ajouter de nouvelles fonctionnalités et de corriger des éléments dans le prototype initial.
Le E-Bootcamp
Formation Design Thinking à distance
Cette promotion a réussi à mettre en application la méthode du Design Thinking sur un projet à fort impact social. Les solutions imaginées, bien que partant de constats similaires, répondent à des besoins bien différents. Elles apportent toutes une forte valeur pour le persona choisi. Le Design Thinking c’est : 1 état d’esprit, 1 méthode et des solutions utiles pour votre cible.
Vous souhaitez appliquer le Design Thinking a votre propre vie ? C’est possible ! Grâce a la méthode Designing your life qui nous vient de l’université de Standford aux États-Unis. Ces ateliers arrivent pour la première fois en France !
Vous souhaitez dessiner le prochain chapitre de votre vie ? Plus épanouissant et plus alignés avec vos aspirations et vos valeurs ? Rejoignez-nous !
